Aux États-Unis, l’hexahydrocannabinol, ou HHC, semble être la nouvelle star des cannabinoïdes. Version hydrogénée du THC, il produit des effets psychotropes, mais ne figure pas sur la liste des substances illicites de l’annexe IV. L’argument commercial est donc servi sur un plateau d’argent : « achetez du HHC, la version légale du THC ! ». Un bon filon, oui. Mais pour combien de temps ?
En France, le CBD est tout juste légal. Alors, que peut-on espérer du HHC ? Et puis, qu’est-ce que qui se cache derrière cet alter ego légal du THC ? Est-ce réellement le nouvel El Dorado ?
On va essayer d’y voir un peu plus clair.
Comme mentionné, l’hexahydrocannabinol (HHC) est la version hydrogénée du tétrahydrocannabinol (THC).
Effectivement, lorsque l’on compare leur formule : C21H32O2 (HHC) et C21H30O2 (THC), on se rend compte que le HHC a tout simplement deux atomes d’hydrogène de plus que le THC.
Hexahydrocannabinol
Tetrahydrocannabinol
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le HHC ne date pas d’hier !
Il a été découvert à la fin des années 40, par le docteur Roger Adams, qui n’est autre que le premier scientifique à avoir isolé le CBD, puis le THC.
Un peu plus tard, d’autres scientifiques découvriront que l’on peut également obtenir du HHC à partir de
Il y a une raison pour laquelle le HHC a longtemps été boudé par l’industrie du cannabis.
La biosynthèse de ce cannabinoïde suggère une extraction, non seulement très complexe, mais en plus, pas rentable du tout.
En effet, contrairement à tous les cannabinoïdes que l’on connait (CBD, CBN, CBG, CBC, etc.), le HHC n’est pas synthétisé au niveau des trichomes de la fleur femelle, mais dans ses graines, et dans le pollen des plants mâles.
Comme vous le savez peut-être, dans les graines et dans le pollen, on trouve effectivement du THC, mais en quantités négligeables. C’est l’oxydation de ce « résidu » de THC qui conduirait à la synthèse du HHC.
Pour extraire le HHC, non seulement il faudrait cultiver des plants mâles en nombre (et dans des serres séparées du reste de la culture !) et/ou réaliser la pollinisation de plants femelles pour en recueillir les graines.
En plus, il faudrait procéder à de nombreux processus pour pouvoir extraire ce cannabinoïde des graines et du pollen.
Le HHC que l’on trouve dans le commerce n’est donc pas un phytocannabinoïde, car il nait dans un laboratoire. Certains parlent d’ailleurs de « néocannabinoïde ». Certes, l’élaboration de produits au CBD requiert également plusieurs procédés chimiques. Mais l’hydrogénolyse n’est pas un processus d’extraction !
La recette de fabrication du HHC est un secret bien gardé par les industriels.
Néanmoins, l’hydrogénation est un processus utilisé depuis plus d’un siècle (découvert en 1897 par le chimiste français Paul Sabatier), et ce fait, les étapes à suivre sont assez bien connues.
En tout cas, dans les grandes lignes.
Un extrait de cannabis concentré en THC est mélangé avec du dihydrogène gazeux dans certaines conditions de pression et de température. Pour que la réaction ait lieu à une température « raisonnable », on ajoutera un catalyseur tel que le nickel, le platine ou le palladium. Ces substances étant potentiellement cancérigènes, il faudra sans doute réaliser plusieurs distillations avant de proposer le produit à la vente.
Vous l’aurez deviné, l’inconvénient majeur ici est le risque d’explosion…
À la sortie du processus d’hydrogénation, on obtient de l’huile de cannabis hydrogénée (HCO), laquelle est dépourvue de THC, mais concentrée en HHC.
Sauf qu’en pratique, ce n’est pas si simple que cela. En effet, en réalité le THC se dégrade en deux versions de HHC :
Le HHC 9R
Le HHC 9S
Autrement dit, la qualité (en termes de puissance) d’un produit au HHC dépend du ratio entre le HHC 9R et le HHC 9S.
D’après ce que nous avons pu lire sur le web, la plupart des HCO obtenues affichent un ratio de 1:1.
Ainsi, la consommation de HHC pourrait entrainer des effets psychotropes similaires à ceux provoqués par le THC tel que des hallucinations sensorielles. Mais il pourrait également favoriser un état de sérénité, et ainsi lutter contre les troubles du sommeil. Ou diminuer la sensation de douleur.
Malheureusement, il est difficile de savoir avec certitude quels sont les effets du HHC dès lors que :
Chaque individu réagit de manière personnelle aux cannabinoïdes
❓
Par ailleurs, la question de la puissance du HHC reste sans réponse formelle.
Certains affirment que le HHC est plus puissant que la morphine, tandis que d’autres parlent de « THC version soft » …
Cette hypothèse semble la plus plausible. Étant donné qu’une partie du HHC (9S) est inactive, on peut imaginer que son action sur l’organisme est, en quelque sorte, amoindrie.
Toutefois, ce ne sont que des conjonctures !
L’OMS a déclaré l’innocuité du CBD il y a une paire d’années
🍁 Le THC, quant à lui, bien que considéré comme une substance illégale dans la majeure partie du monde, est également connu (et utilisé) pour ses propriétés thérapeutiques.
🤷♂️ Mais pour le HHC, il n’y a aucune garantie. Et c’est bien normal, puisque l’on en sait trop peu à son sujet.
👍
L’expérience montre qu’une petite quantité de THC mélangée dans les bonnes proportions à du CBD peut avoir d’innombrables applications thérapeutiques. Et le corps médical est de moins en moins frileux à l’idée de recommander l’utilisation de THC plutôt que d’opioïdes.
🧐 Le HHC et le THC ont beaucoup en commun, certes. Mais peut-on appliquer ce que l’on sait au sujet du THC au HHC ?